19. Copie d’une lettre du maréchal de Ségur au comte de Ségur
19. Copie d’une lettre du mar?chal de S?gur au comte de S?gur
? Petersbourg ce 11 Aoust 1789
La lettre que vous av?s eu la bont? de m’ecrire m’etoit bien necessaire, elle a dissip? les horribles inquietudes qui me consumoient, votre grade, la consideration dont vous jouiss?s, votre vertu, celle de ma femme ne pouvoient me rassurer. Je sais de quoi le peuple est capable dans les momens d’effervescence, souvent il pleure le lendemain les victimes qu’il a sacrifi?es la veille et il fremit et s’etonne de sa propre fureur, mais il n’est plus tems et son repentir ne console pas les c?urs qu’il a dechir?. Votre relation m’apprend la plus singuliere revolution qui ait jamais exist?, je la prevoyois, je savois qu’elle seroit complette, mais je craignois, qu’elle ne fut achet?e par les longues horreurs d’une guerre civile. La bont?, la vertu de Roi nous en a preserv?. Il n’a pens? qu’un instant et peut etre trop tard ? soutenir son pouvoir par un coup d’autorit?. Il a suivi le mouvement de son ame, il a ced? au v?u unanime de la Nation, il lui donne une libert? qu’elle auroit t?t ou tard arrach?, puisse-t-elle ne pas abuser de ce don precieux, puisse l’assembl?e nationale songer que si la libert? peut augmenter l’industrie, la richesse, le credit, le bonheur d’un empire aussi vaste d’une maniere magique, il faut pour operer ce chef d’?uvre, que la Nation donne ? son chef, au pouvoir executif assez de force pour etouffer les dissensions intestines et pour en imposer aux ennemis de l’Etat. Si l’assembl?e se penetre de cette grande verit?, je benirai la revolution. Le Roi lui meme ne la regrettera pas, il aura acquis une couronne plus solide, ses Ministres n’auront perdu que le pouvoir de faire du mal, funeste avantage qu’aucun honnette homme ne peut regretter. Mais pour annoncer ? l’Europe que c’est cette politique sage qu’on veut suivre, je voudrois que l’assembl?e nationale commence par livrer aux loix les factieux insolens qui ont os? attaquer temerairement dans leurs discours que dictoit le delire, le frere et l’epouse de leur Roi. Et ce seroit cette motion que je ferois si j’etois admis parmi les representans d’une Nation qui a toujours applaudi l’h?roisme et detest? la ferocit?.
J’espere qu’actuellement nos travaux vont etre rapides, les 3 ordres sont d’accord, le Roi se r?unit ? eux, toute la Nation n’a qu’un meme avis sur les bases de la constitution et je me flatte qu’un prompt consentement aux impots et aux emprunts necessaires va regenerer notre credit, faire palir nos rivaux, ranimer la confiance de nos amis et nous rendre en peu de tems le peuple le plus respectable de l’Europe. L’inquietude que je ressentois et que je m’efforcois en vain de dissimuler m’avoit rendu malade. Je renais en apprenant que le sang a cess? de couler et que la revolution est fait. L’Imperatrice a eu la bont? dans cette circonstance d’entrer dans mes peines et d’en parler ? ceux qui l’approchent avec cette bienveillance touchante qui La fait adorer quand on La connoit. Recev?s je vous prie avec votre bont? ordinaire l’assurance de ma tendresse et de mon respect.
* * *
Маршалу Сегюру от графа Сегюра
Петербург, 11 августа 1789
Письмо, которое Вы соблаговолили написать мне, было для меня очень необходимым. Оно рассеяло те ужасные опасения, что меня терзали. Ваше звание, уважение, которым Вы пользуетесь, Ваша добродетель, добродетель моей жены не могли меня успокоить. Я знаю, на что способен народ в моменты возбуждения. На следующий день он часто оплакивает жертвы, которые принес накануне и содрогается перед своей собственной яростью. Но уже поздно, и раскаяние народа не разжалобит тех сердец, которым он причинил боль. Из Вашего рассказа я узнал о самой необычной революции, которая когда-либо происходила. Я предвидел ее, я знал, что она не была бы завершена, но я боялся, как бы она не была приобретена за счет долгих ужасов гражданской войны. Доброта, достоинства короля спасли нас от нее. Лишь на мгновение и, возможно, слишком поздно он подумал о том, как поддержать свою власть силой. Он последовал движению своей души, он уступил единогласному желанию нации, он дал ей свободу, которой она рано или поздно добилась бы. Может ли она не злоупотребить этим драгоценным даром? Может ли национальное собрание понять, что если свобода может чудесным образом объединить промышленность, богатство, доверие и счастье столь обширной империи, то для того, чтобы этот шедевр создать, надо, чтобы Нация дала своему главе и исполнительной власти достаточно силы, чтобы погасить внутренние разногласия и внушить врагам уважение к нашему государству? Если собрание проникнется этой великой истиной, я благословлю революцию. Король сам не будет сожалеть о ней. Он получит более крепкую корону. Его министры потеряют только власть поступать плохо — пагубное преимущество, о чем каждый честный человек не может сожалеть. Но, чтобы объявить Европе, что именно этой мудрой политике мы хотим следовать, я хотел бы, чтобы национальное собрание начало с того, что предало правосудию тех дерзких мятежников, которые нагло осмелились подвергнуть нападкам в своих речах брата и супругу короля, свидетельствуя тем самым о своем помешательстве. И именно это предложение я бы сделал, будь я среди представителей Нации, которая всегда рукоплескала героизму и ненавидела жестокость. Надеюсь, в настоящее время наши дела пойдут быстро, три сословия находятся в согласии, король присоединился к ним, вся Нация имеет единое видение основ конституции. Я льщу себя надеждой, что быстрое согласие относительно налогов и предоставления необходимых займов восстановят наш авторитет, отпугнут наших соперников, вернут доверие к нам наших друзей и в короткий срок сделают наш народ снова самым уважаемым в Европе. Беспокойство, которое я испытывал и от которого безуспешно старался избавиться, привело к тому, что я заболел. Узнав, что революция свершилась и кровь перестала литься, я выздоровел. В этой обстановке императрица соблаговолила проникнуться моими муками и говорила о них со своими приближенными с той трогательной доброжелательностью, которая заставляет обожать ее всех, кто ее знает. Прошу Вас, примите с Вашей обычной добротой заверения в моей любви и уважении к Вам.
АВПРИ, ф. Секретнейшие дела (перлюстрация), оп.6/2, д.30, лл.338–339.
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