IV

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Pour r?sumer en quelques mots la situation, nous verrons probablement un r?gne o? sera justifi? jusqu’? un certain point le titre «d’empereur des paysans» qu’on donne d?s ? pr?sent au tzar. Nous assisterons ? de grandes am?liorations dans l’?tat actuel, am?liorations qui viseront particuli?rement les classes rurales, mais qui s’?tendront aussi aux autres classes. Ces derni?res r?formes porteront surtout sur la direction des finances, l’instruction publique et l’administration, dont la d?centralisation est plus que probable.

Mais toutes ces mesures, nous le r?p?tons, viendront d’en haut, comme un effet du bon plaisir, de la lib?ralit? du souverain, qui pourra consentir, comme maximum de concession, ? prendre conseil d’une assembl?e ?lue, mais tout en gardant son droit intact de d?cider en dernier ressort.

A l’ext?rieur, politique pacifique, politique de douceur, cessation des tentatives vers l’Asie, relations plus ou moins sympathiques, mais froides en g?n?ral avec le reste de l’Europe, il est probable ?galement que le tzar r?sistera ? la politique radicalement panslaviste ? laquelle t?chera de le pousser le parti national slavophile, auquel il est intimement uni.

Quant aux nihilistes qui supposent que l’empereur pourra ?tre amen? par la peur ? accorder des concessions plus grandes, ? donner m?me une constitution, ils se trompent grossi?rement, ignorant tout ? fait son caract?re et son ?nergie. Leurs tentatives d’intimidation ne feront que l’arr?ter dans la voie lib?rale o? le conduit sa nature; s’il y fait quelques pas, ce ne sera point parce qu’ils l’auront intimid?, mais quoiqu’ils l’aient menac?.

Plac?s entre le parti ultra-national et la faction nihiliste, les lib?raux constitutionnels t?cheront et r?ussiront peut-?tre ? prouver ? l’empereur que les r?formes lib?rales, loin d’?branler son tr?ne, ne feraient que l’affermir. Puissent-ils le convaincre (car son esprit est large et ?clair?) qu’ils ne sont pas pouss?s par un simple d?sir d’imiter l’Europe, mais que des modifications profondes dans l’organisation politique du gouvernement sont devenues n?cessaires! Les Russes sont de la m?me race que les autres peuples europ?ens, leur instruction et leur civilisation sont analogues, leurs besoins sont identiques, leur langue ob?it ? la m?me grammaire: aussi pourquoi la vie politique du peuple russe ne reposerait-elle pas sur les m?mes assises constitutionelles que celles des nations ses voisines?

La situation sociale, politique et financi?re de la Russie est certainement grave; et ce n’est pas en vain que, dans son manifeste d’av?nement, Alexandre III parle de la lourde t?che qui lui incombe. Un autocrate de g?nie pourrait y ?chouer; un souverain honn?te homme, s’appuyant sur les forces vives de la nation et les appelant ? son aide, a des chances de r?ussir.

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